Et si le vrai virus de nos sociétés n’était pas celui qu’on croyait ?

Publié le 28 janvier 2021

Depuis maintenant 5 ans que je transmets, dans la mesure de mes moyens et de ma compréhension l’enseignement du Bouddha, je parle à chaque fois, de l’importance du déni de la mort dans nos sociétés postmodernes occidentales. Mais je n’aurais jamais cru, il y a encore un an, qu’un tel déni nous mènerait à cette sorte d’hystérie collective dans laquelle nous vivons depuis près de onze mois.

Les gouvernements occidentaux se ressemblent tous sur un point : quelles que soient leurs appartenance ou tendance politique et philosophique, ils sont mus depuis l’éclatement de cette épidémie de coronavirus par la volonté de vaincre le virus et de l’éradiquer et pour cela, ils pensent avoir trouvé la solution miracle : les confinements successifs de leurs peuples. Une double volonté les anime : vaincre un phénomène naturel et sauver les gens de la mort. Si on n’y regardait pas de plus près, si on restait dans une vue générale sans réfléchir aux conséquences de ces deux politiques, on trouverait certainement que ces intentions sont louables. Après un an, et avec le recul, il est peut-être temps d’y regarder de plus près, justement, et de réfléchir aux conséquences et pas seulement se baser sur des intentions.

Depuis plus d’un demi-siècle, s’est installée l’idée que la médecine moderne, la science et les biotechnologies nous permettraient un jour de vaincre la maladie et peut-être ultimement la mort. Un jour, comme le proclame Laurent Alexandre dans ses séminaires, nous serons totalement protégés des calamités et deviendrons immortels. L’accélération, depuis une quinzaine d’années, des capacités technologiques, informatiques et génétiques a même fini par nous faire croire que cela pourrait être le cas à l’horizon d’une génération, voire moins.

Parallèlement, nous nous sommes enfermés dans un nid douillet de confort matériel, allégeant nos peines, nos souffrances, nos difficultés et nous exilant de plus en plus de la nature, de notre nature. Aujourd’hui, tout le monde technologique qui nous entoure nous endort dans la croyance qu’en appuyant sur un bouton, qu’en utilisant une application smartphone, nous pouvons, sans effort aucun, obtenir ce que nous désirons, à condition d’y mettre le prix. J’ai faim ? Deux clics et un repas m’est livré dans la demi-heure. Je veux un bien quelconque ? Deux clics et je suis livré dès le lendemain matin voire le soir même parfois. J’ai mal quelque part ? Une téléconsultation plus tard et me voilà soulagé. Je veux du chauffage chez moi en rentrant du boulot ? Un clic et j’allume mon chauffage à distance. Je m’ennuie ? Un clic et me voilà à regarder tel film ou telle série télévisée. Le tout sans effort autre que de débourser la somme requise. Le meilleur des mondes ou presque. Un monde de confort, de distraction sans fin. Un monde où n’importe qui peut facilement répondre – au moins pour quelques instants – à ses désirs narcissiques, sans se soucier des modalités ou des conséquences de ces actes automatiques.

Et nous voilà embourbés dans une illusion tenace. Celle de croire que la technologie pourra tout et que nous pourrons nous affranchir définitivement de toutes les difficultés et vicissitudes de la vie et pourquoi pas, y compris, la maladie et la mort.

Seulement voilà, une chose est certaine : nous sommes tous mortels. La seule incertitude concerne le moment et les circonstances de la mort. Tous autant que nous soyons, nous allons mourir. Il n’est personne dans le passé qui étant né, ne soit pas mort et il n’est personne à présent et à l’avenir qui étant né ou venant à naître ne mourra. Une autre chose est certaine, nous serons tous un jour touchés par la maladie, petite ou grande, bénigne ou grave. Et soyons honnêtes avec nous-mêmes : les progrès de la science ne nous sauveront ni de la mort, ni de la maladie.

Cette simple constatation de la nature des choses semble nous avoir quittés. L’idée de la mort, de la disparition est devenue insupportable aux yeux de bien des personnes. Certains en viennent à se révolter contre ces faits naturels. Qu’une personne âgée de plus de 85 ans meure, du coronavirus ou d’autre chose et sa famille et ses proches se révoltent, attaquent même en justice les responsables politiques ou médicaux. La mort est même perçue comme un échec et l’accroissement de l’espérance de vie est un horizon indépassable de la santé moderne.

Il y a quelques mois, sur un plateau de télévision, le ministre de la santé Olivier Véran dans un échange avec l’écrivain Alexandre Jardin qui lui racontait comment son beau-père de 89 ans était décédé du coronavirus, en expliquant qu’à 89 ans il fallait accepter aussi qu’on puisse mourir, rétorqua que peut-être le beau-père d’Alexandre Jardin aurait pu être centenaire et ce décès semblait être pour lui un drame évitable et un échec. Le ministre Véran chercha même à culpabiliser l’écrivain de son manque de cœur… Cet échange était l’exemple parfait de l’affrontement de deux visions de la vie. D’un côté la vie comme un absolu à sauvegarder quoi qu’il en coute grâce à la médecine et de l’autre une vision plus philosophique de la vie et de notre condition de mortels.

La vie et la mort ne sont pas opposés. Ce que l’on appelle la vie n’est pas une positivité absolue mais un mélange de vie et de mort. On peut se poser la question suivante : à chaque instant qui passe, suis-je en train de vivre ou suis-je en train de mourir ? La vie n’est-elle pas aussi ce voyage vers une fin inexorable que sera notre mort ? Le véritable échec dans la vie n’est pas de mourir mais d’arriver à l’aune de la mort en ne s’y étant pas préparé, en en ayant peur.

Plus la vie avance, plus on vieillit et plus la mort devient une composante importante de la vie, de plus en plus présente. Ne pas voir en face cette réalité de notre mort certaine n’empêche pas de mourir ; elle empêche de vivre. Nous connaissons tous des personnes qui face à la certitude d’une mort certaine à venir, à cause d’une maladie par exemple, se sont mis à vivre plus intensément, à profiter de chaque instant et se préparant ainsi au moment de la fin. Memento mori ou « souviens-toi de la mort » était le rappel quotidien des stoïciens, non pas comme un appel à se lamenter de façon morbide sur notre sort, mais comme une injonction à la sagesse, à profiter de chaque instant, à ne pas repousser au lendemain l’essentiel de notre existence.

La mort peut aussi dans bien des cas être une délivrance de la souffrance, de la difficulté, de la maladie. La plupart des religions, des philosophies ou des sagesses humaines ancestrales enseignent cela. Nous sommes mortels mais la mort n’est pas une fatalité. Donner un sens à sa vie pour mourir en paix.

Nos sociétés ont oublié cela et le déni est complet aujourd’hui. Le mot « mort » est lui-même devenu tabou. On préfère dire : « il est parti, elle nous a quitté, etc. » Notre société matérialiste a abandonné toute notion de transcendance de notre petite existence personnelle. De plus en plus, nous vivons recroquevillés en nous-même, dans une vie uniquement orientée vers notre petit bien-être personnel, la satisfaction de nos besoins égoïstes. La personnalité, l’existence individuelle est portée aux nues. La seule réalisation possible est une réalisation matérielle dans cette vie, dans cette existence.

Même la quête du bonheur a été dévoyée par ce déni de la mort. Le bonheur n’est plus uniquement la finalité de nos sociétés ultra individualistes, mais il est devenu le moyen. Or en cela, nous nous illusionnons totalement, nous nous confortons plutôt que de nous grandir. Nous nous comportons en enfants gâtés qui ne veulent plus regarder en face la réalité de leurs vies et nous mettons à rêver que peut-être la mort pourrait nous oublier et qu’ainsi nous pourrions prolonger nos vies de plaisir et de confort douillet. Jusqu’à l’anéantissement dans la mort.

Car c’est bien ainsi que la mort est vécue, comme un anéantissement, un vide sidéral, un néant absolu. Nous étant uniquement focalisés, toute notre vie, sur les plaisirs immédiats, nous n’avons pas pris le temps de réfléchir profondément sur le sens d’une vie que nous savons finie. Alors, faire face à la mort génère une terreur absolue : « Je vais disparaître, c’est la fin du monde ! » Cette terreur incommensurable nous enfonce encore plus dans le déni. Nous préférons continuer à nous en distraire plutôt que de nous y confronter.

Le résultat de ce déni est la catastrophe dans laquelle nous vivons. Nous voilà prêts, en Occident, à tout abandonner à cause de cette peur : nous sommes prêts à arrêter de vivre, à limiter nos vies aux seuls besoins dits essentiels. Nous sommes prêts à abandonner nos libertés, nos richesses (économiques ou intérieures). Et si nous continuons ainsi dans ce déni tout y passera.

Nos gouvernements ont trouvé un levier efficace pour nous contrôler davantage, ce qui est le penchant naturel de tout mauvais gouvernement. En agitant la peur de la mort, ils nous manipulent et nous font accepter toute une série de mesures vexatoires que nous n’aurions pas acceptées il y a encore un an. Mais pour être manipulés, il faut être manipulables. Il serait impossible d’imposer ces mesures à une nation de philosophes stoïciens qui méditent chaque matin sur le Memento mori

Il est temps de nous ressaisir avant qu’il ne soit trop tard. De contempler réellement dans notre vie, l’importance de la mort, sa place et son caractère inévitable. De réfléchir et méditer profondément sur la valeur de la vie et de la mort. Une vie inconsciente de plaisirs et de bonheurs égoïstes est une vie perdue car en un instant au moment de mourir, seul restera la confrontation ultime à tout ce que nous avons évité. Une vie de pleine présence, de réflexion et d’acceptation de la mort est une vie qui a toutes les chances d’être pleinement vécue que l’on meure âgé ou fauché en pleine jeunesse, que l’on meure dans la maladie et la souffrance ou dans l’apaisement. Prenant en compte l’inévitabilité de mort, nous aurons pleinement vécu.

Il est normal de mourir, surtout à 83 ans qui est l’âge moyen des personnes actuellement en réanimation. Si quelqu’un meurt du coronavirus ou d’autre chose, ce n’est pas que nous n’avons pas réussi à prolonger son espérance de vie, mais bien plus certainement que son espérance de vie était celle-là. Nous mourrons tous à la bonne heure, au bon moment. Il n’est jamais trop tôt. Si cela se trouve, vous qui me lisez, vous mourrez demain ou après-demain. Tout peut arriver. N’avoir pour d’autre projet dans la vie que de se préserver de la mort ou de prolonger notre espérance de vie, c’est avoir, en fin de compte, une vie misérable.

La vraie liberté n’est pas la liberté d’aller et de venir, la liberté de s’exprimer librement ou la liberté de faire ce que bon nous semble. La vraie liberté, c’est être libéré de la peur de la mort. C’est grâce à cette liberté fondamentale que toutes les autres libertés individuelles sont possibles. Aujourd’hui plus que jamais ! Retrouvons notre liberté fondamentale et nous retrouverons toutes nos libertés.

Institut de Santé et Sagesse Intégrales

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